Alors c’est un métier ou un plaisir ? Forcément un plaisir. Pourquoi ? Parce qu’on découvre et qu’on se découvre. Parce qu’on reste dans ses bureaux et qu’on voyage. Parce qu’on a une vie le lundi, la nôtre, et qu’on en a plusieurs le vendredi, toutes celles qu’on a accumulées au fil de la semaine. Le week-end nos proches nous reconnaissent à peine. Ils hésitent entre le tu de toujours et le vous qu’on est devenu. On est presque une équipe de foot à soi tout seul.

Récapitulons.

En début de semaine, on est un Américain à Paris. Qui voulait voir le Bataclan, les librairies de Saint Germain et les quais de Seine – au loin, une grue y remplace, clignotante, la flèche de Notre Dame. Un Américain de Caroline qui aime le Boss (Bruce Springsteen) et a la bosse de la finance : qui a dit que c’était incompatible ? Le lendemain, dès l’aube, on est une directrice industrielle qui découvre, avec nous, que les années ont passé. A 48 ans ? Elle exagère. Il en reste tant. Elle nous parle, avec humour, du monde tel qu’il est ; du monde tel qu’il devient. Toutes les options restent ouvertes, qui dessinent autant de mondes et de possibles. Quel sera le sien ? On y travaille. Avec d’autres, femmes et hommes qu’on rencontre et qui se racontent, on se prend à souffrir de ne pas avoir obtenu un poste convoité ; on se prend à rêver d’une promotion inattendue, d’une vie nouvelle, de perspectives inédites ; on s’imagine déménager, voyons quel âge a le petit dernier, aux Antilles, ou en Pennsylvanie, oui, c’est ça, c’est maintenant ou jamais. On est Docteur en Physique. On est Psychologue. On est Avocat. On est Black Belt. On parle toutes les langues. On pratique tous les sports. On connaît tous les pays.

Après, c’est toujours la même histoire : ces vies qu’on n’a pas vécues, qui sont celles de candidat-e-s que nous rencontrons, on leur propose d’y en ajouter de nouvelles, à vivre ailleurs, qui seront les mêmes et pas du tout. A prendre ou à laisser ? That is the question.

Ah oui, notre métier ? Chasseurs de têtes…