Les entretiens sont toujours des moments uniques. Un CV ressemble à un autre CV ; un entretien jamais. Chaque candidat (F/H), en fonction de ce qu’il est, de ce qui l’amène et de ce qu’il emmène, y donnera une couleur, une matière et une profondeur différentes.

Les entretiens sont des moments d’émotion. Certains voudraient qu’ils n’en fussent pas. Ils leur préfèrent les machines prédictives ou les assessment centers qui éliminent l’ensemble des biais qui surgissent durant un entretien, les apartés, la subjectivité. Ils ont raison à 100%… et tort à 100%.

L’important n’est-il pas dans le chemin ? Dans la surprise, l’inattendu, la ligne qui manque sur le CV ? Une question, soudain, libère un espace ; ouvre un monde ; renverse tout. La magie a opéré. Le doute s’est invité. La réflexion peut commencer.

Passer un entretien avec un chasseur ou un coach, c’est passer un entretien avec soi ; comme le disait André Breton de l’amour, c’est recevoir de ses nouvelles. C’est disposer, durant une heure et demie, d’un guide qui vous accompagne en territoire inconnu : vous-même. Tout était là, mais informulé ; ou tout était là, mais trop formulé ; bref, tout n’était pas là. Quel professionnel suis-je ? Que désiré-je ? On se croit à l’autre bout du monde ? C’est le cas : on est entré en soi. Quelle aventure !

Les plus belles surprises s’échappent alors tels des lapins du chapeau du prestidigitateur : derrière la Directrice Générale inflexible, la fan de Bacon. Derrière le Directeur Financier gardien du temple, l’écrivain de polars déjantés. Derrière la DRH de grand groupe, l’ex footballeuse de haut niveau. Les cartes sont rebattues : tout redevient possible – ou presque.

La mère de Socrate était sage-femme, son fils, devenu philosophe, disait exercer le même métier. A l’une les corps ; à l’autre les esprits ; aux deux la maïeutique. Tant que nous questionnerons des candidats-es et serons surpris-es par elles et eux – qui seront aussi surpris-es par… eux et elles, nous continuerons d’aimer notre métier… de sages-femmes et sages-hommes !