Notre métier est le plus beau métier du monde. On ne le dit pas assez. On nous en proposerait d’autres, plus glamour, mieux payés, que nous n’en voudrions pas. Etre Brad Pitt ou Scarlett Johansson ? Non, merci. Jouer comme Rodgeur ? Non, merci. Chanter comme Céline (Céliiiine, les stades en délire, les paparazzi battant le pavé au pied de l’hôtel, les collections de disques de platine) ? Non, merci.

Car notre plaisir, voyez-vous, est d’écouter des candidats. Et, en les écoutant activement, en leur accordant un degré d’attention extrême, les aider à mieux se comprendre – et à mieux comprendre le marché du travail, les aider à mieux se trouver – et à mieux trouver, sinon l’emploi de leurs rêves (être Céliiiiine, vraiment ?), au moins celui qui leur plait.

Car souvent, très souvent, trop souvent, les candidats que nous rencontrons sont malheureux. Ils ne nous le cachent pas. Ils en bavent. Ils s’ennuient. Le dimanche après-midi n’est pas à proprement parler le meilleur moment de leur semaine. Et forcément ça ne s’arrange pas le lundi. Leur boîte boite. Leur boss est une plaie. Ils ne le disent pas en ces termes mais c’est l’idée. ÇA-NE-VA-PAS.

A un moment de leur vie, ils ont pourtant voulu croire au conseil de Confucius : « Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour dans ta vie ». Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Ils l’ignorent. Ils ont la désagréable impression d’avoir travaillé tous les jours de leur vie.

Il y a plusieurs écoles à propos du travail – nous en reparlerons. Pour l’heure, retenons-en deux, aussi opposées que sont le gris et les couleurs, l’OM et le PSG, l’Auguste et le clown blanc. D’un côté, le travail comme aliénation, privatif de liberté, qui vous « fait perdre la vie en la gagnant (sous-entendu : mal) ». De l’autre, le travail comme épanouissement personnel, qui vous réalise, vous complète et vous apporte, au sein d’une entreprise dont vous partagez les valeurs et les ambitions, la joie qu’évoque Aristote dans son Éthique à Nicomaque.

Nous sommes, résolument et définitivement, de la deuxième école : c’est pourquoi notre métier est le plus beau du monde !