Deux voyageurs se trouvent dans un train allant de Londres à Édimbourg. L’un dit à l’autre : « Excusez-moi, monsieur, mais qu’est-ce que ce paquet à l’aspect bizarre que vous avez placé dans le filet au-dessus de votre tête ? — Ah ça, c’est un MacGuffin. — Qu’est-ce que c’est un MacGuffin ? — Eh bien, c’est un appareil pour attraper les lions dans les montagnes d’Écosse — Mais il n’y a pas de lions dans les montagnes d’Écosse. — Dans ce cas, ce n’est pas un MacGuffin ».

Cette fameuse anecdote est racontée en 1967 par Alfred Hitchcock à François Truffaut. Elle est rappelée par Fabrice Humbert dans l’haletant (et fascinant) Le monde n’existe pas, publié ces jours-ci chez Gallimard.

Hitchcock a construit tous ses films sur un MacGuffin, un but apparent du scénario qui se révèle être un leurre, une série de portes qui s’ouvrent sur d’autres portes, et puis d’autres encore, dans un bal sans fin jusqu’à la révélation finale, la porte inattendue, le motif qu’on n’avait pas vu dans le tapis.

La question que pose Fabrice Humbert est la suivante : toute vie n’est-elle pas un MacGuffin ? Le MacGuffin de l’argent, du pouvoir, de la sécurité, de l’amour ?… Autrement dit : après quels leurres courons-nous ? Quelles fictions nous racontons-nous – et quelles fictions, après 15 ou 20 ans d’expérience professionnelle, ne nous racontons-nous plus ?

Aujourd’hui, la tendance RH, rebattue dans toutes les enquêtes, surreprésentée chez les jeunes, est le besoin de sens.

Question : MacGuffin or not MacGuffin ?